
En bordure de l’axe Laval-Ernée-Fougères-Mayenne, Chailland est un pays escarpé marqué par un promontoire, un éperon rocheux barré par un rempart propice au refuge, une rivière génératrice d’énergie et une forêt pourvoyeuse de bois. Un territoire qui dispose, depuis des millénaires, de tous les atouts pour accueillir des êtres de caractère. Anciennement appelé Coagland (“Pays de pierre”), des hommes y trouvèrent refuge il y a de cela 5000 ans. On retrouve encore des traces de leur présence : haches en pierre polie, menhir, hachettes de bronze. Un ermitage en forêt de Mayenne daterait du VIè siècle et des fragments de céramique attestent une présence durant le Haut Moyen Âge.
Coagland sur l’Erneia (Chailland sur l’Ernée) est un nom d’origine préhistorique ; sa signification probable serait « pierre » ou « rocher », ce qui ne surprend pas étant donné le pic rocheux qui domine la vallée et le village ; cela ne pouvait que frapper les hommes de jadis qui parvenaient au bord de la rivière à la sortie de la forêt.
En effet, et cela est important, pendant des siècles et jusqu’au XVIe siècle au moins, Chailland c’est la forêt, la grande forêt primitive ; notre pays est donc resté longtemps isolé, éloigné des grandes voies de circulation ; la butte qui domine le bourg est un éperon barré qui dût servir de lieu de refuge. Des haches et autres objets, en pierre et en bronze, furent mis au jour à la Haute-Chaumière, à la Gigoulais et à Clivoy.
Les habitants étaient modestes ; longtemps connues sous le nom de « loges », il n’en reste rien ; seules peuvent subsister quelques restes de manoirs en pierres des chevaliers ; en effet les noms de forme antique sont nombreux : Jutigne – Clivoy – Courge – Authion – Etival…
Jusqu’Xe siècle, le village même de Chailland n’existe probablement pas ; seules quelques rares habitations subsistent dans les clairières. Quittant les monastères, des ermites recherchent la solitude des forêts et c’est à l’Habit, dans l’actuelle forêt de Mayenne, que s’établit Barthélemy en 922 (lire légende ci-après) ; ses successeurs bâtissent un prieuré au XIIIe siècle, trois corps de bâtiment entourent la Chapelle ; celle-ci reconstruite au XVIIIe siècle est toujours en place ; très longtemps les bonnets des enfants teigneux sont déposés dans la chapelle pour obtenir la guérison des petits malades.
Le premier seigneur du lieu, Geoffroy de Chailland, apparait en 1075 et le bourg prit forme autour de son église romane. Des forges furent établies au XVIe siècle profitant des ressources qu’offrait Chailland.
Le bourg de Chailland a sans doute été créé au XIe ou au XIIe siècle (la paroisse de Chaagland apparait dans les archives pour la première fois en 1212). Des fermes, des hameaux, des domaines se bâtissent, portant le nom du propriétaire et précédé de l’article et suivi des suffixes « ière » ou « erie » ; exemples : la Chaunière, la Jubertière, la Charbonnerie, La Peutellerie…
Un peu plus tard au XIIIe siècle, les noms de fermes sont formés du nom de famille suivi du suffixe « ais » ou « aie » ; exemples : la Guyardais, la Bardoulais…